Dis-moi d'abord que tu m'aimes
Jean RODHAIN, « Dis-moi d'abord que tu m'aimes », Messages du Secours Catholique, n° 33, septembre 1953, p. 1.[1]
Dis‑moi d'abord que tu m'aimes...
"Dis‑moi d'abord que tu m'aimes" disait Mozart enfant à son petit camarade qui voulait écouter sa musique.
Le violoniste ne donne pas sa mesure dans une salle hostile. L'inventeur invente mieux s'il se sent compris. L'âme ne chante à son aise que si elle devine une résonance accordée à elle‑même.
La défiance et l'égoïsme éteignent, d'avance, mille lumières prêtes à s'épanouir.
C'est vrai dans une famille, c'est vrai dans une paroisse, comme dans un pays.
C'est pourquoi le Seigneur Lui‑même attendit que Judas fût parti pour commencer, devant les Apôtres fidèles, l'ineffable « Discours après la Cène », ce testament‑confidence, au soir du Jeudi‑Saint.
C'est pourquoi, devant les pharisiens, il n'y eut que le langage allégorique des paraboles, mais au milieu des disciples, il y eut les confidences.
C'est tout le mystère de l'amitié du Seigneur chez Lazare, Marthe et Marie. C'est la «meilleure part» que nous devinons à peine. C'est le mystère des conversations de Nazareth où Marie « gardait tout en son cœur » et dont nous ne savons rien.
C'est pourquoi, lorsque dans un quartier ou sur le plan international, un effort de charité se réalise, la portée du climat ainsi créé est incalculable.
Les vrais charitables sont de vrais révolutionnaires.
« Dis‑moi d'abord que tu m'aimes » disait Mozart...
[1] Réédité dans : CGV, pp.185-186. OCR effectué sur CGV.