La confidence
Jean RODHAIN, « La confidence », Messages de l’aumônerie générale, numéro spécial, novembre 1946, p. 1.
La Confidence
Il ne s’agit pas de ce qui a été confié, mesuré, compris, entrevu, dans le face à face avec Dieu. Ni de ce qui a été résolu, et promis par un homme libre à son Seigneur. C’est le secret de la Grotte ou du confessionnal, c’est surtout le secret de chacun. Il ne peut en être question ici. Mais dans cette rencontre du 8 Septembre des milliers de confidences ont fait tomber des milliers de masques. Il y avait d’une part les misères. Au Mémento des Vivants une veuve inconnue a osé dire en quel sens elle offrait le sacrifice de son foyer mort pour que tant de foyers vivent. Et nous avons, les uns les autres reçu, ou deviné, les confidences de ces milliers de veuves. Mais qui donc s’en était occupé jusqu’ici ? Au camp du retour, sur 400 malades, 388 ont retrouvé des camarades de captivité. Nous avons perçu leur joie de cette fraternité, de cette journée. Mais en les interrogeant, ces malades, nous avons découvert que depuis leur retour ils sont des isolés, à qui la plupart du temps il manque un bon Samaritain. Ces tombes parlaient des orphelins. On côtoyait à chaque pas une misère à laquelle l’ambiance de Lourdes sait donner son vrai visage et son vrai relief.
Mais à Lourdes aussi la bonne volonté reprend son visage visible. Depuis l’origine, les Hospitaliers en sont une preuve. Et le 8 Septembre, des centaines de rapatriés ayant deviné ou entendu ces confidences de la misère, se sont confiés à leur tour. Que pourrions-nous faire ? Chacun côtoie chaque jour dans sa rue la veuve ou le malade, sans deviner sa misère. Et celui-là qui les côtoie paraît indifférent, sans que la misère puisse à son tour deviner chez lui une bonté qui se cache, ou qui n’ose s’avouer. La rencontre de la misère et du secours est freinée habituellement par ces masques qui nous collent au visage. Ces masques de, part et d’autre, à Lourdes sont tombés. « Ici, depuis l’instant de ta promesse, Notre-Dame t’attendait » ; à Lourdes, c’était bien le rendez-vous des misères et du secours : Un « Secours catholique » y était annoncé ce jour-là dans toutes les paroisses de France ! La bonne volonté, l’entr’aide ont été des réalités en captivité pendant 5 ans. La bonne volonté et l’entr’aide ont été visibles à Lourdes le 8 Septembre. A la bonne volonté, à l’entr’aide, une occasion est offerte demain : le Secours catholique. Les mêmes équipes, équipes anonymes, qui ont été au service des prisonniers, les mêmes équipes qui ont monté le pèlerinage de Lourdes, les mêmes équipes vous proposent dans la même ligne, comme un épanouissement – Le SECOURS CATHOLIQUE - confluent exact de ces misères et d’une bonne volonté : la vôtre.
Abbé Jean RODHAIN, Secrétaire général du Secours Catholique.