Colloque 2022
Passer de la peine à la sanction :
chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre
Lyon / 25-27 novembre 2022
La société considère trop souvent la souffrance de l’auteur d’un crime ou d’un délit comme la seule réponse/réparation possible face à la douleur de la victime. Sans doute influencée par une conception doloriste du christianisme, elle va même parfois jusqu’à considérer l’expérience de la souffrance comme une expérience salvifique pour l’auteur lui-même. L’utilisation courante du mot peine est symptomatique de cette conception. Or, cet accent excessif mis sur la souffrance nuit à l’estime de soi qui est un préalable nécessaire au relèvement et à la remise en marche des personnes.
Un changement de paradigme apparait aujourd’hui nécessaire pour désolidariser la notion de punition de celle de violence volontairement infligée. Réfléchir en termes de sanction plutôt qu’en termes de peine peut y contribuer. S’il comporte l’idée d’un obstacle, d’un non catégorique prononcé devant un comportement inadmissible, le mot sanction ouvre, contrairement au mot peine, la possibilité d’un chemin. Si subir une souffrance maintient dans une forme de passivité, se voir signifier un non peut rendre actif. Face à l’évènement que constitue ce non, la personne est appelée à mobiliser ses forces et à s’auto déterminer.
Ainsi conçu, le temps de la sanction acquiert une toute autre dimension et la manière de le vivre se trouve radicalement bouleversée. Là où, compris comme une peine, il condamne le présent à l’inutilité, à une forme de stérilité, compris comme une sanction, il fait de ce présent de la détention un temps de passage, utile et potentiellement fécond.
Le système judiciaire et l’administration pénitentiaire ont pour objectif la réinsertion des personnes dans une logique de lutte contre la récidive et visent à ce que la personne ne fasse plus parler d’elle. Or, si la lutte contre la récidive est un objectif louable, limiter la réinsertion à cet objectif semble un horizon bien peu ambitieux aux yeux de ceux qui aujourd’hui conçoivent une justice restaurative. Le véritable objectif serait d’ouvrir un chemin vers une authentique réconciliation qui permette de rétablir du lien entre auteur, victime et société.
L’infracteur retrouvant un droit à la parole est alors un acteur de ce rétablissement. Toute loi est objet d’interprétation ; les articulations entre appareil législatif, appareil judiciaire et administration pour produire et exécuter la sanction la mieux adaptée à celui qui l’exécute, à la victime, et à la société méritent d’être discutées. Dans ce débat, même la parole de l’infracteur doit être entendue.
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Les conclusions théologiques du colloque "Passer de la peine à la sanction, chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre" par les titulaires des Chaires Jean Rodhain sont publiées dans le dossier Le milieu carcéral : un espace de l’humain du numéro de mars 2024 de la Revue d’Ethique et de Théologie Morale.
En novembre 2022, la Fondation Jean Rodhain organisait à Lyon, en collaboration avec le Secours Catholique Caritas France et l’Aumônerie générale des prisons, un colloque sur le thème Passer de la peine à la sanction : chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre.
Les actes de ce colloque sont à présent disponibles en version numérique et en version imprimée.
En novembre 2022, la Fondation Jean Rodhain, en collaboration avec le Secours catholique Caritas-France et l’Aumônerie générale des prisons, a organisé un colloque sur le thème « Passer de la peine à la sanction : chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre ».
Suite à ce colloque, les titulaires des chaires Jean Rodhain se demanderont en quoi la charité – sachant qu’elle est au cœur des travaux de la Fondation Jean Rodhain – éclaire les situations, les dilemmes, les réflexions axées sur le sens de la peine et de sa transformation en sanction.
Nous voulons d’abord exprimer gratitude et reconnaissance pour la richesse et la variété des regards qui se sont croisés au cours de ces trois journées. Merci aux organisateurs d’avoir permis cette rencontre entre praticiens-scientifiques issus des diverses disciplines des sciences, professionnels de l’institution judiciaire et pénitentiaire, intervenants de la société civile, sans oublier le regard d’anciens détenus experts de leur propre vie de prisonniers. Merci à ces derniers : merci à Emile, Éric, Karim et d’autres de nous avoir si fortement alertés sur les rigueurs extrêmes de la vie carcérale, eux qui par leur esprit de vérité sont aujourd’hui sur l’autre rive...
La Seconde Guerre mondiale a généré un grand nombre de prisonniers tant du côté allemand que du côté français et des forces de l’Axe. Pour l’Église se posait la question de l’assistance spirituelle. La situation économique était désastreuse. Il fallait nourrir, loger, soigner … Comment répondre aussi à cette parole du Christ : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt.4,4). Dans cette histoire, un nom émerge, celui de Jean Rodhain qui aura les « audaces de la charité » et qui sera rejoint dans sa mission par des prêtres français et allemands, par des religieuses ainsi que par des laïcs fidèles à leur baptême ou à leur engagement scout ou jociste.
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