Message du Pape François pour la Journée mondiale des pauvres : 7 points d'attention
Le Père Antoine Sondag est directeur du Service national de la Mission universelle de l'Eglise. Il souligne 7 points sur lesquels être attentifs dans le message du Pape pour la Journée mondiale des pauvres.
La Journée mondiale des pauvres est une innovation du pape François. Nous disposons déjà d’innombrables « journée mondiale » de la paix (1 janvier), des vocations, des moyens de communications sociales, du migrant et du réfugié, etc. Le pape François a voulu que l’avant dernier dimanche de l’année liturgique soit consacré à une « journée mondiale des pauvres ». Comme pour les autres journées, un message du pape est écrit à cette occasion et publié plusieurs mois à l’avance (afin de permettre à ceux qui préparent les liturgies et les revues liturgiques, d’intégrer ce message dans leurs publications). En ce qui concerne ce message pour la journée des pauvres 2017, il a été publié le 13 juin 2017.
Le message. On le trouvera en annexe ci-dessus. Ce message fait 4 pages environ. C’est bien plus long que beaucoup de messages du pape pour les diverses journées fixées par le Saint-Siège. On y repère aussi la main même du pape, par les thèmes abordés, par le style.
Innovation. Le pape innove en créant cette Journée Mondiale des Pauvres. Ses prédécesseurs avaient établi de telles journées mondiales à propos de thèmes qui leur tenaient à cœur : les vocations, la paix, les migrants, etc…
Ce que le pape ne dit pas. Il est intéressant de tenter de préciser l’esprit et le contenu de la journée mondiale des pauvres à partir de ce qu’elle n’est pas, de ce qui n’est pas dit. Une définition négative. On pourra ensuite tenter de dire en quoi la journée des pauvres consiste.
1. La journée mondiale des pauvres n’est pas une journée de la générosité, de la philanthropie, de la charité… on ne met pas l’accent sur la personne généreuse, qui « donne » : on met l’accent sur la personne du pauvre.
2. La journée mondiale des pauvres ne dit pas qu’il faut aider les pauvres, qu’il faut les assister. Le pape dit qu’il faut écouter les pauvres, qu’ils ont quelque chose à dire, à contribuer à la société. Ce ne sont pas les fondations philanthropiques (Bill Gates, Warren Buffet, etc.), ce ne sont pas les riches (généreux) qui sauveront le monde. Le monde sera sauvé lorsque tous auront la parole et apporteront leur pierre à l’édifice commun.
3. La journée mondiale des pauvres n’est pas la fête de la générosité, des ONG, des bénévoles… Ce n’est pas une autocélébration de la charité par ceux qui la pratiquent. Ce n’est pas la fête des donateurs, ceux qui donnent leur temps et leur argent.
4. Le message du pape n’est pas un éloge du don ou une autocélébration des donateurs.
5. L’approche du pape intègre une dimension politique, un appel à modifier les politiques publiques. Il y a un lien entre ce message et l’Enseignement social de l’Eglise. Il faut attaquer les problèmes à la racine, il faut modifier les structures (injustes), la politique n’est jamais très loin. Le lien est fait avec l’appel solennel à sauver la terre et à entendre le double cri de la planète et des pauvres (Laudato Si).
6. On retrouve dans ce message les intuitions centrales du pape François : un appel à pratiquer des attitudes d’écoute, de dialogue, d’accompagnement, d’intégration… Ecouter ce que les pauvres ont à dire, dialoguer avec eux (donc les établir dans une relation d’égalité comme locuteurs et pas simplement comme destinataires d’aide ou de parole évangélisatrice…). Veiller à leur intégration dans la société.
7. La conclusion du message est très forte : les pauvres ne constituent pas un problème mais une ressource pour trouver des solutions à nos problèmes collectifs.
Antoine Sondag
Septembre 2017
A retrouver sur le site internet de la mission universelle.
© Photo : Mission universelle